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Libération

Ces monstres qui nous guettent

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publié le 20 janvier 2003 à 21h54

«Geronimo» se trouvait hier à 16 heures par 10°58 sud et 32°18 ouest et sa vitesse était stabilisée à 16 noeuds. Le grand multicoque d'Olivier de Kersauson et ses dix hommes ont battu le record de vitesse du passage de l'équateur, qui appartenait à Sir Peter Blake (7 jours et 4 heures) depuis 1994, en 6 jours 11 heures et 26 minutes. Olivier de Kersauson revient sur cette première semaine de mer.

Je vis des heures délicieuses, car tout me rappelle des moments de mer passés, comme autant de bouffées d'air chaud. Je me souviens du tour du monde à bord de Pen Duick IV avec Tabarly et Colas. Le bateau avait aussi cette façon particulière de se comporter dans les grains par exemple. Puis, il y a ces gris incroyables, ces bleus métalliques et ces changements de température. Tout me ramène donc trente ans en arrière avec cette envie de retrouver tous ces plaisirs disparus. C'est quelque chose d'infiniment sensuel qui nous enveloppe. Sur terre, tout ce qui m'entoure vieillit. Comme les arbres que j'avais plantés enfant. Or, sur l'eau, l'image demeure intacte comme si elle avait échappé au vieillissement. Tout comme le ciel d'ailleurs, comme si le temps qui passe n'avait pas de prise. Les nuages d'il y a trente ans sont les mêmes aujourd'hui. C'est quelque chose qui m'émeut profondément. Je me retrouve dans des décors exacts. Sans aucune faute de goût du décorateur et pas comme dans ces films d'époque qui me font sourire parce que les costumes des acteurs sont bien trop neufs pour que