Dans le grand marché mondialisé du football professionnel, un petit village résiste. On y préfère la soupe locale aux saveurs des quatre continents. Ce village est une île, la Corse, et son football propose un concentré de toutes les réalités hautement contradictoires de son histoire récente. Un seul exemple : les nationalistes. Affaiblis sur le strict plan politique à cause de leurs divisions, dérives affairistes, ou encore, pour certains, de leurs liens avec le grand banditisme local, ils irriguent toute la société civile. Ainsi, après dix ans d'efforts, ils ont aujourd'hui la haute main sur les deux formations de foot de l'île présentes en Ligue 1, le Sporting Club de Bastia (SCB), actuel 10e du championnat et l'Athlétique Club ajaccien (ACA), la formation phare de la Corse-du-Sud. Les deux se rencontrent ce samedi en match retour d'un derby salué comme historique, largement aussi attendu que le procès d'un préfet hors République ou les visites à répétition d'un ministre en vogue.
Joué en septembre dernier à Bastia, l'aller (gagné par Ajaccio 1 à 0) avait suscité un échange d'amabilités sur le thème récurrent du «plus corse que moi tu meurs». En effet, Gérard Gili, le coach de Bastia, est né à Marseille. C'est un pinzutu, un non-Corse. Mais il s'était permis de mettre en valeur «les vraies valeurs de corsitude» de son équipe. La réponse des Ajacciens, en la personne de Michel Moretti, président de l'ACA, n'a pas traîné : «Gili, il est venu à la rame ? Moi je suis né sur ce