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Libération

Des toros touchés par la grâce

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publié le 6 février 2003 à 22h08

L'écrivain José Bergamin pensait que gracier un toro, c'était trafiquer avec son âme et lui voler sa mort. Il n'aurait pas été content de la saison 2002. Quatorze toros ont été graciés et ce chiffre record ne prend pas en compte les novillos dont on a, comme on dit, pardonné la vie, comme le magnifique Pescaluno dans les arènes de Lunel le 21 juillet. En regard de la statistique, quatorze toros de corrida sur plus de 5 600 estoqués en 2002, ça peut paraître chiche. En regard du principe de rigueur et d'exceptionnalité qui autorise l'indulto de toros, c'est beaucoup. En regard du règlement taurin qui interdit la grâce dans des arènes de troisième catégorie, c'est une entorse puisque neuf d'entre eux sont sortis vivants d'obscures arènes comme Inca, Olmedo ou Valencia de Don Juan, voire de plaza de dernière catégorie comme la Puerta de Ségura où le 22 septembre, Manuel Diaz el Cordobes a fait gracier Ganador de l'élevage de Zalduendo. Cela dit Ganador n'était pas un inconnu né sous X puisque, par sa mère la vache Ganadora, soeur de la vache Invencible, il est cousin du toro Invencible, toujours de Zalduendo, gracié à Arles par El Juli en septembre 2001, et le digne fils d'un digne papa-novillo gracié à Coria.

L'importance du lignage. Même si les toros graciés ne deviennent pas forcément de bons reproducteurs, la récurrence de bons toros issus du «sang» de rescapés n'est pas accréditée à une seule coïncidence. Ainsi l'historique Belador de Victorino Martin «indulté» à Madrid en