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Libération

«Dans la banlieue du Pacifique»

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publié le 17 février 2003 à 22h19

«Geronimo» (Cap Gemini-Ernst Young et Schneider Electric) se trouvait hier en fin de journée par 53°08 sud et 123°38 ouest. Au 37e jour du trophée Jules-Verne, le grand multicoque d'Olivier de Kersauson était à 2 109 milles du Cap Horn, comptant toujours environ 1 000 milles d'avance sur le temps de passage de Bruno Peyron, détenteur du record.

A nouveau, on voit venir vers nous des monstres et on ne sait vraiment pas d'où ils surgissent. Je ne parle même pas des premiers growlers (morceaux d'icebergs, ndlr) que nous avons rencontrés vendredi... Un exemple ? On a hérité en fin de semaine d'une houle qui nous vient d'un cyclone situé très nord. Sa houle, qui roule vers nous à 25 noeuds, provoque des vagues curieuses, pas forcément très grosses, mais elles ne favorisent en aucun cas la glisse du bateau. Si bien que, sur un plan maritime, on est vraiment à la peine. Geronimo est un bateau qui danse sur les vagues avec élégance et de le voir ainsi transformé en bête de somme, je me dis que ce n'est vraiment pas sa vocation première. Il faut dire que nous sommes très déroutés depuis notre entrée dans l'Indien et tout cela dure depuis près de quinze jours. On me dit : «Et la grande houle du Pacifique ?» Tu parles ! Rien qu'un temps à la con et des conditions tordues. Et, une fois de plus, on ne peut pas descendre dans son sud. On cumule les dépressions sur le chemin. On cherche à descendre dans le coeur du Pacifique qui est merveilleux. Et où est-on ? Dans la banlieue de cet océan.