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Libération

L'appétit suisse

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publié le 20 février 2003 à 22h27

Genève de notre correspondant

«Si on gagne, on aura mis la Coupe de l'America en haut du Cervin. Comme si un Kenyan remportait la descente de ski de Kitzbühel. Ce serait vraiment génial, un clin d'oeil à tous les a priori», s'exclame Ernesto Bertarelli. Heureux, le patron d'Alinghi. A Auckland (Nouvelle-Zélande), le bateau suisse domine outrageusement les premières régates de la Coupe de l'America, menant 3-0 face au détenteur du trophée, Team New Zealand, avant la quatrième course de la finale qui s'est disputée cette nuit. La Coupe de l'America vend du rêve, donne un moral de vainqueur et une image d'esprit d'équipe à la Suisse romande qui s'enflamme pour les succès de sa frégate. De l'autre côté de la frontière linguistique, là où vit 70 % de la population helvétique, la Suisse alémanique reste encore indifférente. Il est vrai que la voile y est moins populaire, qu'un seul Suisse alémanique est à bord d'Alinghi et que Bertarelli n'a pas besoin de cajoler les médias germanophones.

«Beau gosse». Un slogan à la tonalité soixante-huitarde appelait jadis à «raser les Alpes afin qu'on voit la mer». C'est presque chose faite pour une Suisse volontiers déprimée, qui tend à se refermer sur elle-même: un souffle poussé par le vent du large arrive. Avec une équipe composée d'une dizaine de nationalités, «Le défi suisse» a damé le pion aux Américains lors de la Coupe Louis-Vuitton, l'épreuve des challengers, prélude à la Coupe de l'America. Une Suisse ouverte et multiculturelle s'est i