«Geronimo» se trouvait hier enfin de journée, après 43 jours de mer, par 45 ° 24 Nord et 55 °07 Ouest. Le grand multicoque d'Olivier de Kersauson et ses dix hommes est ralenti depuis trois jours dans le nord des îles Malouines. La route du nord qui doit les conduire vers l'Equateur est fermée à double tour. Les vents sont faibles et incertains, si bien que l'avance de «Geronimo» sur le temps établi par «Orange» a fondu. Olivier de Kersauson compte désormais sur l'agilité de «Geronimo» dans les petits vents.
Les vents tournicotent de tous côtés et les prévisions sont aussitôt démenties par les faits. Je suis donc en train de jouer la course, car, entre les anticyclones et les dépressions, le passage est quasiment nul. Ou comment passer dans le chas d'une aiguille ? On essaye de coller à la route directe ce que je me refusais à entreprendre. On a donc le courant dans la gueule et un clapot de merde. Mais comment se sortir de là ? Je dois avouer que c'est assez curieux comme situation. Depuis notre passage du Horn (jeudi, ndlr) nous sommes dans les emmerdements. Nous voilà dans un Atlantique difficile. Je ne le crie pas trop fort, sinon ça risquerait de le vexer. L'avance ? C'est comme si autour de toi tout partait en fumée. Ainsi, nous voilà confrontés à un nouvel épisode car nous sortions de vingt jours de western avec un bateau qui sautait sans cesse et nous voilà sur une mer toute calme. Le clapotis de l'eau le long de la coque plonge les hommes dans un sommeil si profond qu