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Libération

Mutants des Alpes

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Bérhault et Magnin ont enchaîné 16 voies en 20 jours au mont Blanc.
publié le 7 mars 2003 à 21h53

Chamonix envoyé spécial

Patrick Bérhault et Philippe Magnin ont enchaîné d'une traite ou presque seize voies majeures de l'Envers du mont Blanc, ce versant italien sauvage et escarpé du Toit de l'Europe (4 808 m). Les deux alpinistes français ont grimpé hyperléger et en des temps records, réalisant chacun de ces itinéraires très difficiles en glace, en rocher ou en mixte en une seule journée, jusqu'au sommet des piliers, avant de redescendre en rappel vers ce qui fut leur «camp de base» pendant trois semaines, le refuge Eccles, un demi-tonneau d'acier exigu au pied de l'immense muraille. Toutes ces voies ont été ouvertes, à partir des années 60, par des alpinistes de renom : René Demaison, Jean-Marc Boivin, Christophe Profit, Patrick Gabarrou, Walter Bonatti... Mais jamais encore elles n'avaient été escaladées les unes à la suite des autres. Une manière de réinventer l'alpinisme.

Patrick Bérhault et Philippe Magnin ont tout d'abord réussi huit voies glaciaires du versant, du 10 au 19 février, avant de redescendre à Chamonix pour deux jours de repos (Libération du 22 février). Puis, en 11 jours, du 23 février au 4 mars, ils ont escaladé les huit piliers rocheux de ce versant sud totalement enfoui sous la neige fraîche ces derniers jours, des voies plus anciennes, devenues des «classiques».

Mutant. «Je me rends compte aujourd'hui seulement qu'on vient de faire quelque chose d'assez énorme, disait hier en souriant Philippe Magnin, 38 ans, guide et professeur à l'Ecole nationale de