Barry Sheene aurait pu trépasser il y a bien longtemps. Pilote légendaire, double champion du monde 500 cm3 en 1976 et 1977, il semblait même perdu pour la compétition un jour de mars 1975, lorsque, traîné par sa Suzuki lancée à plus de 280 km/h sur l'anneau de Daytona Beach, le dandy cockney, gravement brûlé, s'était fracturé clavicule, fémur, côtes, bassin. Le pilote anglais s'était ensuite refait une santé en moins de six semaines et était devenu champion du monde la saison suivante. Il aurait pu aussi bien s'éclipser en 1982, après un grave accident à Silverstone lui laissant 27 vis dans la jambe. Mais Barry Sheene était déterminé à survivre à ces catastrophes.
Aussi farfelu que pouvait être sérieux l'Américain Kenny Roberts, son grand rival, Sheene, vainqueur de 19 Grands Prix, a marqué le monde de la moto par sa clairvoyance et son professionnalisme. C'est lui qui opta le premier pour une tenue de cuir colorée. Il étonnait cependant par ses décisions inattendues, comme celle de percer un trou dans son casque pour pouvoir fumer pendant ses arrêts au stand. Il avait raccroché sa combinaison en 1987, rongé par l'arthrose. C'est pour cela qu'il avait rejoint l'Australie.
Il a quitté la piste hier à l'âge de 52 ans des suites d'un cancer de la gorge et de l'oesophage, refusant toute chimiothérapie. «Je comprends ce que les médecins me disent, mais, au bout du compte, c'est ma décision. C'est ma vie, et c'est à moi de choisir comment je veux la conduire.» Pour mourir dans son