Gagner un mètre n'est vraiment plus notre préoccupation majeure. On en profite pour entreprendre une analyse du bateau. On avait un ballon de volley à bord. On l'a perdu hier. Pourtant, on aimerait tellement repartir. A moins qu'il n'y ait plus de vent du tout ? Nulle part. Jamais. La situation que nous vivons ne devait exister que dans les cauchemars météo. Nous y sommes. J'ai été extrêmement surpris par l'été austral qui n'est jamais arrivé dans le Grand Sud.
Les dépressions étaient déjà très nord. Et que dire de cet Atlantique Sud qui était vide de vent ? On était au cap Horn au 40e jour ; et au 64e, nous ne sommes pas encore à Brest ! Du cap Horn à l'équateur, l'anémomètre n'a jamais dépassé les 13 noeuds ; et 80 % du temps, il restait sous les 8-10 noeuds. C'est très impressionnant d'être confronté au rien. Faudra-t-il construire des bateaux avec de plus grands mâts ? J'ai en tête de faire un mât plus haut de 4 à 5 mètres. Déjà, à 30 mètres au-dessus de l'eau, l'air est différent. Pourtant, Geronimo est un bon bateau, bien mis au point, avec un bon équipage. Il peut aller vite quand on peut choisir notre météo... Dans ces cas-là, Geronimo est brillant.
Mais nous avons subi. Et que faire ? Nous étions en tête au cap Horn, et en dépit des conditions insensées, nous avions encore une avance de deux heures sur le record. C'est pourtant un bateau qui se comporte bien dans les petits airs. A ce propos, j'ai toujours pensé que le Trophée Jules-Verne se gagnait et se perdait dans