Brest envoyé spécial
La guerre menace et Brest n'avait hier qu'un seul mot à la bouche : «Il arrive quand ?» Geronimo était attendu ce matin dans son port d'attache après 68 jours de mer. Le record n'est bien entendu plus d'actualité depuis dimanche, mais déjà le bateau est entré dans la légende. Après avoir été le plus rapide jusqu'au Horn, Geronimo bat depuis quinze jours des records de lenteur, car le vent a depuis longtemps débrayé. Tout ça est incompréhensible.
Pourtant, Geronimo est un bateau incomparable. Mais le surnaturel est tombé sur Geronimo comme la brume sur Londres. Tout est chamboulé puisque hier la mer d'Iroise était plate comme le Léman. C'est à n'y rien comprendre. Brest était hier à nouveau écrasé sous un soleil africain. S'il neige sur Ouagadougou, Olivier de Kersauson n'en sera nullement surpris puisque tout n'était que «surréaliste», comme le disait depuis près d'une semaine le patron.
Comme dans les tableaux de Jérôme Bosch, Kersauson aura donc connu le Paradis et l'Enfer. Est-ce pour autant que Brest n'est plus Brest ? Les chauffeurs de taxi se grattent la tête et les barbiers ne rasent plus. Il n'y a que les bistrotiers qui se frottent les mains. Les chiens aboient à la lune parce que Geronimo n'est pas rentré et, à cause de ça, le Brestois ne trouve plus le sommeil. Depuis deux jours Olivier de Kersauson ne pipe mot. Au moins, il ne sera pas démenti par les prévisions. Il estimait toutefois son arrivée au quai du Moulin blanc vers les 10 heures : «Pas