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Libération
Critique

L'autre moitié de l'arène

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Femmes et toros, fantasmes et paradoxes: une anthologie édifiante.
publié le 5 juin 2003 à 23h16

Certains livres sont comme des friandises : on en prend une distraitement, et bientôt il ne reste plus rien au fond du sachet. C'est ce qui risque d'arriver à Des femmes et des toros, un florilège de textes écrits en français au XIXe siècle (mais l'auteure s'autorise quelques débords) sur un sujet peu abordé à ce jour. On aurait pourtant tort d'en soupçonner le sérieux, même s'il se présente sous un jour nettement humoristique. Annie Maïllis confie d'ailleurs qu'elle n'a recherché que «les fleurs les plus rares et les plus amusantes», et que son recueil «en apprend davantage du regard porté sur les femmes» qu'il apporte «une évaluation de leur réelle participation à la tauromachie».

Les témoins de la corrida au siècle avant-dernier n'en finissent pas de broder sur une opposition qui devrait exister, mais que les faits s'obstinent à démentir : puisque la corrida est un spectacle sanglant et violent, la femme, toute de discrète douceur, se situe à son antipode. Or c'est le contraire qu'on constate. Même Custine, aristo homo et perspicace observateur, s'écrie : «Encore une fois, il faudrait que les femmes optassent entre l'amour et la cruauté.» Gautier reprend le paradoxe avec plus d'indulgence : «Dans nos idées, il semble étrange que des femmes puissent assister à un spectacle où la vie de l'homme est en péril à chaque instant, où le sang coule en larges mares, où de malheureux chevaux effondrés se prennent les pieds dans leurs entrailles ; on se les figurerait volontiers comme