Pépé Dominguin, 82 ans, dernier survivant de la dynastie taurine des Dominguin toreros, est le dernier de Mohicans. Il a connu des types comme Sanchez-Mejias. Il a 9 ans lorsqu'il voit son père, Domingo, tenter, en vain, de convaincre Ignacio Sanchez-Mejias de ne pas aller toréer le 11 août 1934 à Manzanares, où le toro Granadino l'attend pour le tuer. Trop de mauvais signes rôdent autour de cette corrida. Peine perdue.
Maudit costume. Rojo y Oro, «rouge et or», les mémoires de Pépé Dominguin, commence par un coup de revolver. Celui que son frère aîné, Domingo, se tire dans le coeur le 13 octobre 1975 dans une chambre de l'hôtel Ejecutivo, à Guayaquil, Equateur. Le magnifique bohème Domingo, phalangiste pendant la guerre civile puis communiste sous Franco et neurasthénique. Plus l'alcool, plus la drogue. Bam. Le décor de la chambre est violet. Comme l'habit de lumière que son cadet Luis Miguel étrenne un jour à Melilla. Il prend, dedans, un grave coup de corne. Du coup, il se sépare de cet habit, le donne à Pépé, qui le porte à Algésiras. Un toro de Villamarta l'encorne. Pépé refile alors le costume au novillero Juanito Martinez, qui torée avec à Saragosse. Coup de corne dans le triangle de Scarpa. Il bazardera à son tour l'habit à un loueur de costumes de torero.
Malgré tout, «merde à la superstition», écrit Pépé, dont les souvenirs débutent par un coup de feu et s'achèvent par une noyade. Celle du novillero El Pinturero. Qui, pour se faire remarquer, se balance en parachute