Melbourne correspondance
Clive Woodward et Eddie Jones, les coaches respectifs du XV d'Angleterre et des Wallabies, prennent rarement le thé ensemble. S'ils ont des choses à se dire, ils s'envoient huit mastodontes à la figure. Le pack le plus puissant et le plus féroce a forcément raison. Leurs con ceptions du rugby sont aux antipodes. Les Anglais dans l'hémisphère Sud ont la réputation de jouer défensif, négatif, à la limite de l'antijeu. Et même pire : boring, ennuyeux. Les Australiens, eux, se targuent d'avoir inventé un rugby total, dynamique et spectaculaire. Jones, l'Australien, parle poliment d'«opposition de styles». Woodward baisse la tête et fonce. «On n'est pas là pour faire le spectacle, on est là pour gagner. Tant que l'International Rugby Board maintient son système de notation, on ne marque aucun point pour le style, on marque quand on gagne.»
«Tournant». Ce samedi, les deux équipes s'expliquent à Melbourne dans un test-match à enjeux. L'Angleterre est classée numéro 1, l'Australie est championne du monde. Les Anglais, en dix rencontres, n'ont jamais battu les Wallabies en Australie. Mais ils les ont battus lors des trois derniers matchs, en Angleterre. En novembre, à Sydney, l'Angleterre et l'Australie ont d'excellentes chances de disputer la finale de la Coupe du monde (si l'Angleterre bat la France et si l'Australie bat la Nouvelle-Zélande en demi-finales). Woodward estime que le résultat du match marquera un «tournant essentiel». «Pour gagner la Coupe du mo