L'histoire du Tour de France a failli s'arrêter avec la seconde victoire du Belge Sylvère Maes le 30 juillet 1939. Au Parc des Princes devant 40 000 spectateurs, le leader de l'équipe A belge jure d'ailleurs qu'on ne l'y reprendra plus. «Le Tour est devenu beaucoup trop dur avec ses nombreuses étapes contre la montre et son accumulation de cols !...Vous ne me reverrez plus dans cette galère.» 4 224 km en 18 étapes avec trois journées de repos seulement, et une nouveauté infernale, un contre-la-montre de montagne qui franchit l'Iseran (2 770 m). Ce n'est pourtant pas l'extrême fatigue des forçats de la route mais la Deuxième Guerre mondiale qui met en péril l'épreuve. La déclaration de guerre moins de deux mois plus tard n'arrête pas pour autant les préparatifs du 34e Tour de France prévu pour juillet 1940. L'Union cycliste internationale choisit même les dates de l'épreuve, coïncidant, au grand dam de l'organisateur, le célèbre quotidien sportif l'Auto, avec le Tour d'Allemagne ! Henri Desgrange, le père fondateur, y croit toujours, annonçant fièrement, peu avant son décès en avril 1940, la venue, pour la première fois sur la Grande Boucle, de coureurs américains.
Sondages. La défaite sonne le glas du tour. L'exode gigantesque des citadins qui assaillent les routes en mai et juin ne laissera pas la place aux galériens de juillet. Il faudra attendre l'été 1947 pour voir cette fameuse 34e édition. Le Tour de France a-t-il vraiment failli succomber à l'Occupation ? A y regarder