Emile Besson, résistant engagé dès 17 ans, en 1943, dans l'Armée secrète, et qui deviendra dix ans plus tard chroniqueur de l'Humanité sur le Tour de France, n'a pas digéré l'attitude du journal l'Auto pendant l'Occupation... «C'est fort de leur avoir redonné le Tour après tout ça. Goddet (son directeur, ndlr) avait les clés du Vel' d'hiv lors des rafles des juifs de juillet 1942... Après la Libération, la lutte entre la droite et la gauche a eu aussi le Tour comme enjeu», raconte ce membre de la commission de réflexion sur «le sport sous l'Occupation», présidée par Maurice Herzog et créée par Marie-George Buffet à son arrivée au ministère de la Jeunesse et des Sports. En 1944, les biens de l'Auto, rue du Faubourg-Montmartre, et le Tour de France sont mis sous séquestre. Le procès a lieu à Alger : Jacques Goddet se défend en soulignant que l'imprimerie de l'Auto a tiré des tracts et des numéros spéciaux pour la presse clandestine. Il dit aussi que le journal, vendu à des intérêts allemands après la défaite, aurait écrit des choses bien pires s'il n'était pas resté. L'argument a du mal à convaincre tant les articles de l'Auto restent en mémoire : ceux qui vantent la politique sportive de Vichy, mais aussi d'autres, anti-Anglais ou prônant «la collaboration franco-allemande».
Lentement mais sûrement, l'amitié de deux proches intercédera en faveur du directeur du journal collaborationniste. Patrice Thominet, tout d'abord, est l'administrateur français de l'Auto vendu en 1940 au