Saint-Dizier envoyée spéciale
Au Moulin-Rouge, le client est roi. L'hôtel-restaurant de Chevillon est remarquablement situé au bord du canal de la Marne à la Saône. Un charme bucolique, à deux pas d'une écluse manuelle, à bras. «Ici, on dit à l'os», corrige le patron, monsieur Raymond. Tout est calme. Trop calme, au dire de son épouse, Mme Odile. «Il y a trente ans, la cuisine grouillait de commis. Les Anglais, les Hollandais, toute la transhumance vers les Alpes et la Côte d'Azur faisait étape ici. Des gens qui se tenaient bien à table. Aujourd'hui, avec toutes ces nouvelles autoroutes, il n'y a plus personne.»
«Rester chez soi, au frais.» Autant dire que le Tour de France, dont le contre-la-montre par équipes enlaçait hier ce coin de Haute-Marne, était fort bienvenu. Le bar-tabac jouxte la grande salle où la collection de casseroles de cuivre rutilantes reste désormais rivée au mur. Les habitués se succèdent au zinc. Un public de tous âges, masculin. «J'avais repéré le petit chemin près de la porcherie pour voir passer les coureurs. C'est déjà plein de voitures, ce matin. Des gars même pas d'ici», siffle un petit monsieur, en même temps qu'une «fillette» de rosé. «Oh !, moi, je regarde le Tour à la télé», tranche un cadet.
A l'autre bout du comptoir, un vieux bien droit secoue énergiquement la tête aux oreilles décollées. «Un campagnard comme moi, pour une fois qu'il passe ici, je regarde en vrai.» Et de vider cul sec son ballon de rouge limé. Virtuel ou réel, le débat sur le