Albertville, envoyée spéciale.
La Savoie aura vécu le 29 juillet 1998 un bien curieux passage du Tour. Le peloton devait longer le lac d'Annecy et celui du Bourget pour relier Albertville à Aix-les-Bains. L'étape sera finalement annulée par les organisateurs. Les familles, tout à leur pique-nique champêtre, auront assisté, en guise de course, à un spectacle inédit. Laurent Jalabert arrache son dossard, vite imité par Marco Pantani. Manolo Saiz, directeur sportif de l'équipe espagnole Once, embarque à mi-course tous ses coureurs vers l'hôtel. Le peloton, qui roule à petite vitesse, bruisse d'infinis conciliabules. L'interpellation des cyclistes de l'équipe néerlandaise TVM la veille à Albertville est la cause de cette fronde. «C'est scandaleux. Au lit, sans massage, sans manger», fulmine l'un. «Il paraît que ce soir, il y aura de nouvelles perquisitions», s'inquiète l'autre.
Choqués. Les cyclistes sont à l'unisson de l'organisateur. Le matin du départ, Jean-Marie Leblanc n'avait pas caché son agacement face aux méthodes policières. «Je suis profondément choqué par la manière dont les autorités sont intervenues hier soir auprès des TVM. Rendez-vous compte qu'on a laissé ces coureurs regagner leur hôtel après minuit. Pourquoi les traiter de la sorte ?», avait lancé le directeur de l'épreuve. Les cyclistes, très divisés, s'en remettent finalement à Bjarne Riis. Le vainqueur du Tour 1996 parle couramment cinq langues. Il se fait logiquement l'interprète du peloton auprès de la dire