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Libération

Cyrano le nez dans le guidon

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Professeur de sports et entraîneur, Antoine Vayer, 40 ans, dirige AlternatiV, une cellule de recherche d'entraînement à Laval (Mayenne). Deux fois par semaine durant le Tour, il sera chroniqueur pour «Libération».
publié le 14 juillet 2003 à 23h53

Que faut-il faire en montagne ? Grimper par ruse au lieu de s'élever par force ? Oui. Cyrano de Bergerac aurait dit : non, merci. Il aurait été un piètre gagneur. L'art de pédaler juste pour se parer de jaune à Paris, ce n'est pas le panache. C'est la gestion intelligente et froide de multiples potentiels. Uli Schöberer, un ingénieur allemand, le sait bien. Il s'est posé une question : que se passe-t-il vraiment quand on pédale ? Il dépose alors un brevet formidable, le «SRM».

Dans le pédalier, il fixe des jauges de contraintes miniatures reliées à de l'informatique. Il enregistre instantanément et analyse la puissance, qui se mesure en watts. Une valeur suprême qui compare les athlètes dans le temps et dans l'effort, et qui permet de parfaitement le comprendre. Armstrong est un utilisateur forcené de cet appareil. La puissance est le produit de la force physique brute mise sur les pédales par la cadence de pédalage imprimée. Le meilleur c'est le plus puissant, pas le plus fort. C'est celui qui sait jouer de cet alliage presque alchimique entre force et souplesse, entre physique et technique. Uli teste avec ses appareils la Telekom et Jan Ullrich. Sa force est «kolossale». C'est le meilleur du monde au niveau rénal. Pour comprendre par imagerie, elle lui a permis en 1997 dans la montée finale, après un effort de sept heures et cinq cols franchis auparavant, de soulever verticalement avec ses jambes l'équivalent d'un sac de pommes de terre de 50 kg pendant 23 minutes à la cade