Gap envoyé spécial
Faut-il encore des preuves supplémentaires pour démontrer la nature violente et injuste du cyclisme ? Il reste 5 kilomètres à parcourir dans cette neuvième étape entre Le Bourg-d'Oisans et Gap (184 km). Le groupe maillot jaune chasse Alexandre Vinokourov, qui vient de flinguer Parra (Kelme) et l'inusable Jorg Jakscke (Once) dans la côte de la Rochette. Le Kazakh de la Telekom qui remue beaucoup depuis quarante-huit heures (deuxième à L'Alpe d'Huez) possède à cet instant 15 secondes d'avance dans la descente vers Gap. Joseba Beloki emmène le groupe Armstrong dans lequel on retrouve Mayo, Ullrich, Mancebo. Soudain, à la sortie du virage, la roue arrière de Beloki glisse sur l'asphalte tout mou. La machine de l'Espagnol (deuxième du général à 40 secondes) se met par le travers. Beloki se couche sur le goudron. Dans sa roue, Lance Armstrong, qui dira plus tard avoir éprouvé «la frousse de [sa] vie», freine tant qu'il peut, évite Beloki. Lance évite un gendarme, entre alors dans le pré et le coupe par sa moitié. La machine tressaute. Lance tient bon dans ce rodéo alpestre puis ralentit devant le fossé, met pied à terre pour le franchir, et puis repart comme il était venu.
Terminé pour la Once. Le suiveur en a lâché sa pipe. Même les esprits les plus solides n'en sont toujours pas revenus. Manolo Saiz, son directeur sportif, juste derrière, sort de sa voiture mais, ignorant la gravité de la chute, tente de remettre son coureur en selle. Beloki hurle de douleur et