Pampelune, envoyé spécial.
L'encierro de Pampelune est un lieu de miracles. Mardi à midi, lors du tirage au sort des toros de Cebada Gago, la rumeur tue allégrement l'Australien Nicolas Headlam, massacré le matin par Jugue-Plaza, et arrache, dans la foulée, le bras de l'Américain Dallas Hitchcook, brutalement punaisé au biceps gauche par le même toro. Intubé dans son lit d'hôpital, le mort réapparaît en photo dans le journal du lendemain et le bras de l'Américain a repoussé. Le mort fait même une déclaration épatante : «Quand je me suis vu vivant, ça m'a réjoui.»
L'encierro est un phénomène paradoxal. Ses images sont diffusées par télévision dans le monde entier, mais ses règles sont toujours aussi ignorées. Ainsi, à l'entrée des arènes, Headlam a attiré l'attention du toro qui passait tranquillement et qui, devant tant d'ignorance et de stupidité, s'est fait un devoir d'obéir à sa vocation, qui consiste à donner des coups de cornes. Ekerra, une agence touristique locale qui propose une connaissance de l'intérieur de la San Fermin et donc de l'encierro, a du pain pédagogique sur la planche du voyage organisé. Elle a ainsi reçu des demandes de visiteurs japonais d'accord pour participer à l'encierro. Ils voulaient le voir d'abord d'un balcon, puis descendre dans la rue et courir une fois les toros enfermés. D'autres Japonais ont longtemps cru que les coureurs étaient des prisonniers que la cruauté des usages locaux lâchait devant les toros. Hillary Hemingway, nièce d'Ernesto, a