Guy Lapébie se souvient de la victoire de son frère Roger en 1937 et des irrégularités qui ont émaillé la course.
Bordeaux envoyé spécial
C'est une phrase qui prend au dépourvu. Quelques mots sans grande importance qui flottent longtemps du côté de la ligne de l'émotion. Comme les gens de son âge extrême, un très vieux monsieur vous raccompagne aimablement à la porte de l'ascenseur et, avant de s'en retourner vers son grand appartement lumineux dominant les tours du quartier Meriadeck, esquisse un sourire : «Ah ! au fait ! Si mes souvenirs de vélo intéressent, faudra se dépêcher, je ne suis peut-être plus là pour très longtemps.» Vous bafouillez une ânerie, une crétinerie sur l'éternelle jeunesse des grands sportifs. Vous savez que le vieux monsieur a raison. Il s'appelle Guy Lapébie. Il a 87 ans et une soif de raconter presque un siècle de petites et grandes courses qu'une seule rencontre ne pourrait étancher. D'autant qu'on est venu le voir pour son frère, Roger, vainqueur du Tour en 1937 et décédé très jeune... à 85 ans, en 1996.
Guy Lapébie n'ignore pas que son aîné a capté presque toute la lumière. Ils se sont aimés, respectés, aidés, ils ont partagé le pain et la fatigue et jamais on ne le prendra en délit de jalousie médiocre. «Roger était un lion.» Et lui, dans une demi-pénombre, a été aussi un fougueux matou, capable de quelques jolis coups de pédalier. Il se lance pour en narrer les détails. On le freine. D'abord 1937, donc Roger et l'affaire dite de «l'abandon des Be