Bordeaux envoyé spécial

On aime le vélo parce que c'est beau. Mais pour apprécier toute la saveur de ce sport magnifique, il faut se lever tôt et avoir pris ses précautions. Hier au kilomètre zéro, dix coureurs sont partis, comme ça, sans prévenir (Bossoni, Knaven, Mengin, Van Bon, Commesso, Garcia Acosta, Lüttenberger, Clain, De Groot, et Parra). De sorte que le suiveur qui bombait le torse quelques minutes plus tôt n'a même pas eu le temps de se reculotter et ses bretelles sont restées coincées dans la portière pendant toute l'étape qui fut, de fait, la plus longue échappée du Tour (181 km). A vos marques! Prêts ? Feu ! On aurait dit une course de lévriers dans les pins des Landes. Le plus rapide fut le Néerlandais Servais Knaven, parti seul à 18 km de la ligne.

Knaven, lauréat de Paris-Roubaix 2001, est un joli garçon de 32 ans. Son poil est blond et lisse. Son soigneur s'appelle Dick. Il est flamand et soigne aussi Johan Museeuw sur les classiques. Il a, pour Richard Virenque, toutes les attentions. Dick porte la moustache ce qui confère à sa fonction un incontestable sérieux. Servais Knaven, lui, se décrit comme un coureur «qui ne gagne pas beaucoup de courses. Je suis une autre sorte de coureur». Oui, mais quelle sorte ? Prenons notre grand roman des coureurs. Il y a les spirituels, les pittoresques, les ronchons, les polissons et les cornichons, etc. Mais lui ? C'est le type de coureur qui n'a pas d'adjectifs. Il se couche tôt. Prend ses potions à heures fixes. Bref, le