Nantes envoyé spécial
«Certains vélos sont comme des meubles, ils doivent rester dans leur jus», professe joliment André Vincent. Ce collectionneur des choses de la vélocipédie, veut dire par là que, de même qu'on ne restaure pas certains meubles pour préserver leur authenticité, on ne repeint pas certaines bicyclettes. Ainsi en est-il de ce vélo Stella, exposé à l'hôtel du département de Nantes pour l'exposition célébrant le centenaire du Tour. Le temps a mangé la peinture orange, mais un Stella, c'est sacré. Sur une machine de la marque, Louison Bobet a remporté, entre autres, ses deux premiers Tours de France (1953 et 1954) et son titre de champion du monde en 1954. Cette année-là, c'est aussi celle de la disparition de l'équipe Stella, qui avait vu le jour six ans plus tôt, fondée par Pierre Fonteneau, patron de la fabrique de cycles.
Que reste-t-il de cette équipe aujourd'hui ? «Moi», rigole Pierre Barbotin. Il fut le coéquipier, l'ami, le lieutenant de «Louison» (Bobet). Il a 77 ans et des souvenirs plein la musette. Ceux d'une équipe «qui a dérangé quand elle est arrivée», se rappelle Pierre Barbotin, que personne ne songe à appeler autrement que «Pierrot». De Stella, il reste aussi un palmarès dans lequel ne figurent pas, officiellement, les Tours de Bobet, puisqu'à l'époque, l'épreuve se courait par formations nationales. De Stella, il reste des dessins du célèbre affichiste Paul Ordner. Il reste aussi le logo en lettres gothiques. Puis de Stella demeure la mémoire d'