Mont-de-Marsan envoyé spécial
Mercredi, Zalamero, toro de Jandilla, est suave et Conde, fondant. Les deux se mélangent. Le toro épanche sa gentillesse, Conde verse sa sensibilité. Dégustant Zalamero, il met un bémol à ses poses histrionesques et «aflamencadas», qui sont au flamenco ce que la Belle de Cadix est au «cante jondo». Il torée le faible et noble Zalamero avec de l'harmonie et de l'envergure. Zalamero aborbe sa muleta dans des passes amples de la gauche et surtout de la droite, et dans de somptueuses passes de poitrine qui ne sont pas des passes de recours, mais comme le disait le torero Andres Vazquez, des «points d'orgue». Comme son coup d'épée est aussi habile que foudroyant, Mont-de-Marsan, la Chalosse et la Lande lui donnent deux oreilles et l'engloutissent sous des bouquets d'hortensias.
Passe surprise. Depuis sa faena d'août à Dax et celle de Pentecôte à Nîmes, Javier Conde, torero de moindre poids en Espagne, se taille un empire en France avec une tauromachie laquée qui jouit du bénéfice du hors norme. Son atout, c'est qu'il rafraîchit, avec des passes surprises bien ficelées, le ressassement formaté, cauchemardesque parfois, du répertoire taurin. Ce truc de la passe surprise ressemble assez au «verdiales», ces sortes de fandango de Malaga, terre de Conde, où le chef de la petite formation musicale donne, à sa fantaisie et avec soudaineté, la parole musicale à un de ses musiciens. Mais jeudi à Mont-de-Marsan, Conde était autre chose qu'un torero de la couleur