José Luis Gonzalez, dit la Merveille, est routier. Un routier particulier. Il transporte des toros. Il va les chercher chez les éleveurs, Jandilla, Nuñez, il les amène aux arènes : ici Los Barrios. Il les entend taper dans les virages et lorsqu'il freine. Ils sont inquiets, après, ils se couchent tranquillement dans leur cage. La Merveille les entend aussi taper dans sa tête. Lui qui a voulu être torero est fasciné par les toros même si l'un d'eux lui a, lors d'un embarquement, planté 40 cm de coup de corne. Accident du travail. Il affirme que le toro bravo est unique et qu'avec le souffle de sa respiration il t'enlève la poussière des chaussures.
Christ. S'il avait dû transporter du sable ou autre, la Merveille n'aurait jamais fait routier. Il y est venu par le toro. D'ailleurs, le toro n'est pas un matériau. Il le dit tout au long de ce documentaire de Jean-Pierre Vedel (1) à qui l'on doit déjà le film épatant sur les nains toreros : «Les toros, ils ont un visage et un corps.» Et aussi une voix. Des voix. On les entend bien bourdonner, mugir, beugler, s'engueuler, crier dans ce campo andalou que les images restituent dans sa beauté et dans sa lumière. La Merveille ne transporte pas que des toros. Dans son village pour la semaine sainte, il porte le paso du Christ. Et dans son bahut, il philosophe sur les deux : «Le toro unit l'homme à la religion par la peur qu'il inspire.»
La Route du toro est une sorte de road movie andalou et taurin qui, au fil du parcours et des rencont