Au milieu des années 60, par frilosité, vénalité, mesquinerie, l'histoire de la tauromachie a perdu l'occasion d'une formidable confrontation dans l'Espagne qui fusillait Julian Grimau et dansait le twist. Celle à quoi le révolutionnaire de Palma del Rio et l'insurgé d'Algésiras n'auraient pas manqué de se livrer cara a cara, face à face, devant les mêmes toros dans les mêmes plazas, le même jour, avec le même public pour juge de guerre et de paix. Mais le bras de fer direct entre El Cordobès et Miguel Mateo «Miguelin», décédé d'un cancer le 21 juillet à 64 ans, a avorté après deux corridas organisées en 1964, l'une à Jaen, l'autre à Murcie. Résultat : Miguelin sort deux fois en triomphe, El Cordobès file deux fois sous la bronca. Chopera, le puissant homme d'affaires qui dirige la carrière de l'idole, baisse alors le rideau de fer : plus jamais El Cordobès sur le même sable que l'incontrôlable Miguelin.
Incontrôlable. On sait que le 18 mai 1968 à Madrid, en pleine corrida de la San Isidro, Miguelin, en civil, a sauté en piste pour ridiculiser le ridicule toro qu'El Cordobès toréait et pour protester contre le barrage que le tout-puissant torero de Palma faisait à sa carrière. Un haut fait aussi célèbre dans la corrida que le fameux «carreau d'Ollioules» dans celle du jeu de boule. Cependant, il serait injuste que la tauromachie ne garde que cette image d'iconoclaste collée au fils du banderillero Chicuelo de Malaga. Miguelin fut beaucoup plus que ce rebelle déboulant du grad