Du haut de la tribune, Patrick observe la piste où se déroule la réunion d'athlétisme d'Evry-Bondoufle. Pourtant, le jeune homme ne s'intéresse pas vraiment à ce sport. Non pas qu'il trouve cela barbant, mais s'il s'est déplacé au stade samedi, c'est pour voir Eunice Barber. «Il paraît qu'elle est forte et qu'elle est mignonne.» En contrebas, sur le tartan, Amandine ouvre grand ses yeux bleus. La jeune sportive, comme beaucoup d'autres, est chargée des affaires des concurrents. Dès qu'elle a appris que la championne du monde de l'heptathlon à Séville (1999) occuperait le couloir 4 du 100 m haies, elle s'est littéralement «jetée sur le panier», comme elle expliquera après la course. «C'est quelqu'un que j'apprécie énormément, une championne.»
Lorsque Eunice Barber débar-que sur la piste, vers 16 h 40, l'étoile noire éclipse tout le monde. La tenue rouge de l'athlète originaire de Sierra Leone attire tous les regards. Le concours de marteau qui se déroule à quel-ques mètres de là ne compte plus que pour des clous, tandis que les adversaires de Barber s'échauffent dans une froide indifférence. Photographes et cameramen forment une haie d'honneur au milieu de laquelle Eunice peaufine son départ.
Cerise. La frénésie médiatique s'explique facilement. Eunice Barber est la seule véritable affiche de ce meeting, «la cerise sur le gâteau», explique Jean-Jacques Godard, le président du comité Essonne, qui, micro en main, présente tour à tour les sportifs. Surtout, Barber représente une d