Fernand Urtebise, entraîneur national, coach de Stéphane Diagana (400 m haies), devient chroniqueur quotidien des Mondiaux pour «Libération».
Evénement mythique approché par les athlètes et nous-même, comme un rêve, puis comme un rêve obsessionnel avec l'accompagnant, la part de l'irréel, la projection idéalisée, masquée d'un voile, un peu comme dans le Mythe de la caverne de Platon, une projection d'ombres sur un mur qui n'est que l'envers de la vie réelle. Alors, il faut poursuivre ce rêve sans relâche et c'est le commencement de la chasse à l'animal irréel, un prodige, la chasse à l'éléphant blanc : pourquoi pas ?
Cet animal-événement, il ne faut plus le lâcher, il faut le poursuivre sans relâche, avec distance, avec pondération, avec respect, le scruter de toutes parts pour en définir la dimension jusqu'à le reconnaître, jusqu'à ce qu'il devienne gris comme les autres. On ne le maîtrisera jamais mais on apprendra à l'entreprendre, à l'utiliser pour approcher le sublime : enfin, d'accomplir, accéder à l'accomplissement de soi, sa propre plénitude. C'est à cette tâche que doit s'atteler l'entourage de l'athlète, l'accompagner dans cette quête, la découverte ou la reconnaissance de son propre chemin, celui qui le conduit au but : la rencontre avec le bonheur. Les championnats du monde à Paris et la difficulté s'accroissent du fait de la banalisation des lieux mais aussi des amicales rencontres. La tension est un mal nécessaire à l'identique du trac des gens de scène. Cet état