Le voilà donc ce poing droit. Large, épais, puissant. Il y a trente-cinq ans tout juste, il était brandi ganté de noir, tête baissée aux JO de Mexico. Tommie Smith venait de remporter le 200 m et battre le record du monde (19′'83). Son attitude et celle du troisième, son compatriote John Carlos, lorsque retentit l’hymne américain, a révolutionné le monde du sport et des droits civiques. Il est brandi après les assassinats de Martin Luther King et des deux frères Kennedy, en pleine guerre du Vietnam. Au nom du Black Power. Ce poing est là, posé sur une table de la «Guinguette du Forum». Une énorme bagouze en or, rehaussée d’un caillou rouge, habille son annulaire droit. Sur la breloque, on lit : «Olympic games 1968». Sur l’annulaire gauche, la chevalière est plus sobre, c’est celle du Hall of fame, le panthéon américain.
Trente-cinq ans plus tard, le champion croit toujours «qu'un autre monde est possible». C'est pour cela qu'il est présent à Saint-Denis. Le maire PCF, Patrick Braouezec l'a invité il y a cinq mois pour en faire le parrain de ce Porto Alegre du sport. Smith a dit yes tout de suite. Lorsqu'elles ont appris la nouvelle, il y a seulement une quinzaine de jours, les autorités internationales de l'athlétisme ont elles aussi invité Smith. Du haut de son double mètre et de ses 60 printemps, il en est encore tout étonné. Jamais, depuis son coup de force mexicain, il n'avait jamais été invité nulle part.
D'ailleurs, sitôt descendu du podium olympique, il a tout simplemen