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Libération

«Edwards, l'élégance sans retenue»

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par Fernand URTEBISE
publié le 27 août 2003 à 0h44

Fernand Urtebise, entraîneur national, coach de Stéphane Diagana (400 m haies), devient chroniqueur quotidien des Mondiaux pour «Libération».

L'autre jour, nous avions l'illustration du sordide (avec Jon Drummond), le lendemain, jour de lumière, éclairé par le triple-sauteur britannique Jonathan Edwards, qui, à sa manière, nous faisait ses adieux des sautoirs. La grande classe, tout en retenue, dissimulant ses émotions, difficile, les larmes aux yeux il assurait: «Mais je ne suis pas triste.» Sans doute, mais fortement ému. Nous également, car nous voyons s'éloigner un homme d'harmonie. Il nous a régalés par sa manière de sauter, de voler devrions-nous dire. Ces sauts étaient un prolongement de sa course d'élan. Limiter les chocs lors des appuis et sauter dans la vitesse. L'image de l'élégance sans retenue. Là où d'autres martelaient le sol, lui le caressait. Il y a quelques années, un jour de Coupe d'Europe, nous avions appris que l'Angleterre tenait un grand triple-sauteur. Mais la compétition ayant eu lieu le dimanche, sa pratique religieuse ne lui donnait ni le temps ni la liberté de concourir. Puis, un jour, il fut libéré

de cette contrainte, pour le grand plaisir de nos yeux. Nous apprîmes à découvrir un homme, un homme de bien, disait-on dans le passé. Peut-être un de ceux que cherchait Diogène sur l'Agora de l'Athènes ancienne en pleine lumière, sa lanterne à la main, au milieu de la foule. «Je cherche un homme», disait-il. Jonathan Edwards est sans doute de ceux-là,