Zoubir Boukkari vient d'avoir 50 ans. Cet Algérien, coureur «moyen» de 400 mètres, est membre du Conseil supérieur des sports africains et membre de la commission juridique du Comité olympique d'Algérie. Il dénonce le «pillage» des athlètes du Sud par le Nord.
Comme définissez-vous la nature des rapports Nord-Sud dans le sport ?
Le sport n'est pas isolé des autres sphères, économique ou politique : le Nord domine le Sud. Je crois même pouvoir dire que dans le domaine sportif, les choses sont exacerbées parce que les nationalismes sont exacerbés. Regardez la victoire de Kim Collins aux 100 mètres de ces championnats du monde. Avant mardi soir, qui connaissait l'existence de l'île de Saint-Kitts ? Dans le sport, toute nation, tout micropays peut, veut, exister.
Hormis cela, le sport n'évolue pas dans une bulle. Comme dans d'autres domaines, le sport subi les effets du marché. Le couple sport-argent est terriblement lié. Dans un stade, la globalisation produit les mêmes effets positifs et les mêmes effets pervers que dans une entreprise.
Ceci étant, on peut se réjouir que des athlètes originaires du Nord comme du Sud bénéficient, pour leurs entraînements, des mêmes infrastructures, de la même technologie avancée, afin d'avoir les mêmes chances. C'est le cas pour certaines catégories d'athlètes. Voyez les formidables résultats des coureurs kenyans sur le 5 000 m, voyez ce que réussit à accomplir Hicham el-Guerrouj, triple champion du monde du 1 500 m. Malheureusement, ce n'est pas l