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Libération
Portrait

Manuela Montebrun, la piquée de marteau

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Ce soir, l'athlète française pourrait décrocher l'or.
publié le 28 août 2003 à 0h45

Mardi, lorsqu'elle s'est qualifiée pour la finale du marteau (ce soir à 20 h 45) dès son premier jet, à 71,36 m, Manuela Montebrun a tiré la langue. Deux fois. Presque involontairement. Elle aurait pu dire aussi : «Trop contente». Avec cette mimique de collégienne aux anges, la lanceuse de marteau a probablement atteint son niveau maximum d'exhibitionnisme. L'athlète française la plus proche de l'or est aussi la plus éloignée des shows outranciers en vogue dans les stades. Sa discipline version mâle a vu défiler quelques beaux spécimens roulant des yeux et des muscles, adeptes du cri primal censé aider l'envol de la boule de fonte de 7 kg ­ 4 kg pour les femmes.

Ascension irrésistible. Montebrun affirme se contenter d'un simple sifflement pour lâcher la pression. C'est à la fois une question de technique et de nature. Et inversement. Elle envoie fort parce qu'elle est forte, précise, perfectionniste et monstrueusement con sciencieuse dans ses cinq entraînements hebdomadaires, à l'Insep en semaine, à Laval le week-end. Elle ne crie pas dans la cage car elle ne sait pas trop crier dans la vie. Si sa placidité apparente et sa réserve presque surannée intriguent dans un milieu où l'ego sommeille rarement, il n'y a pas de secret caché. Pas de psychanalyse sauvage à tenter sur cette jeune femme «normale» sous tous rapports. A l'aise avec son 1,76 m et ses 93 kg, capable d'en lever quatre de plus à l'épaulé, 75 kg à l'arraché et 130 kg en squats. «Des vrais squats, précise-t-elle, g