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Libération
Interview

Le pari risqué d'El Guerrouj

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Le passage du 1500 m au 5000 m n'est pas évident.
publié le 30 août 2003 à 0h46

Le Marocain Hicham El Guerrouj, qui a remporté mercredi son quatrième titre mondial sur 1 500 m, tentera dimanche un pari inédit pour lui : remporter une nouvelle médaille d'or sur 5 000 m, une distance sur laquelle il n'a pas ses marques (une seule course cette année, en 12'50"24) depuis qu'il l'a abandonnée en junior. Le 1 500 et le 5 000 sont à ce point dissemblables que le seul doublé enregistré jusqu'ici dans un grand championnat international fut réalisé par le Finlandais Paavo Nurmi aux JO de Paris en 1924. Patrice Binelli, entraîneur des demi-fondeurs français, doute de la faisabilité de l'exploit.

Quel est le principal problème que va rencontrer El Guerrouj sur 5 000 m ?

Il se retrouvera dans un registre d'effort qui n'a rien à voir avec celui auquel il est accoutumé. Dans un 1 500, l'athlète doit se mettre dans le rouge pour tenir le rythme ; il jette ensuite tout ce qui lui reste dans les 300 derniers mètres. Un 5 000 se dispute à l'inverse en «équilibre physiologique», en prenant garde à limiter l'intrusion d'acide lactique dans le muscle. Ce qui permet, en règle générale, au coureur de 5 000 de parcourir ses 400 derniers mètres plus vite qu'un demi-fondeur de 1 500. Sur les 4 500 premiers mètres, le coureur de 5 000 n'entame pas profondément ses qualités de vitesse.

L'entraînement sur 1 500 ressemble-t-il à celui sur 5 000 ?

Pas du tout. Typiquement, le «miller» (1) enchaîne des distances courtes, 200, 300 ou 400 m, entrecoupées de temps de repos variant entre 1'30'