Un garçon longiligne et souriant, attifé comme l'as de pique (combinaison noire façon Bond sixties), restera pour beaucoup le symbole des 9es Mondiaux d'athlétisme organisés à Paris. Kim Collins, rejeton des îles Saint-Kitts et Nevis, a remporté le 100 m, lundi, en 10 " 07. Pour la première fois depuis l'édition inaugurale des championnats du monde, à Helsinki en 1983, la médaille d'or de l'épreuve reine se négocie au-dessus des 10 secondes. Et, en 2003, trente-neuf 100 m ont été courus plus vite. Samedi, la lanceuse de javelot allemande Steffi Nerius donnait l'impression d'avoir gagné au Loto après avoir lancé à 62,70 m : «Faire une médaille de bronze avec un jet pareil, c'est hallucinant, hallucinant.»
Retour à la «norme humaine», après une ère où rien ne semblait devoir entraver une hausse asymptotique des performances ? On peut, comme le président de la Fédération française d'athlétisme, Bernard Amsalem, estimer que la lutte antidopage a marqué des points et que son sport est progressivement «débarrassé de ses scories». Réhabilité, cet «athlétisme de lutte d'homme à homme, et non plus de chronos», que le capitaine tricolore Stéphane Diagana appelle de ses voeux depuis si longtemps ? On se doit d'y regarder à deux fois, sans se laisser aveugler par la «lenteur» des sprints et certaines disciplines en manque de leader, telles le saut en longueur ou le triple saut messieurs, où le Suédois Christian Olsson figure le vainqueur le plus «court» (17,92 m) de toute l'histoire des