Anthony Mundine n'était pas né quand son père, Tony, a pris la dérouillée de sa vie, le 5 octobre 1974 à Buenos Aires en tentant de ravir sa couronne mondiale au légendaire Carlos Monzon. L'Australien s'écroule, KO au septième round. Bien que considéré comme l'un des tout meilleurs poids moyens en activité, le boxeur aborigène de Baryugil ne sera jamais champion du monde. Anthony, son fils, 28 ans, affronte aujourd'hui à Sydney l'Américain Antwun Echols, pour le titre des supermoyens WBA (World Boxing Association). Pour laver l'affront fait au père, à cette différence que Tony Mundine boxait à une époque où il n'y avait qu'un champion du monde par catégorie de poids, alors que désormais ils sont quatre (1).
Anthony, qui raconte : «A 5 ans, j'ai dit à mon père "je veux gagner ce titre que tu n'as pas remporté"», a une autre motivation : il veut que l'on se rappelle de lui comme «l'un des plus extraordinaires athlètes de l'histoire, en devenant champion du monde de boxe après avoir évolué dans un sport collectif.» «Alors, le monde entier m'écoutera, continue-t-il. Je pourrai défendre les droits de mon peuple, me battre pour l'égalité, la liberté des Aborigènes. Plus j'aurai de succès, plus ma voix sera forte.»
Minighetto. Tony Mundine, 52 ans, entraîne son fils dans son gymnase de Redfern, au coeur du minighetto noir de Sydney, un pâté de maisons à moitié ruinées, où vivent quelques dizaines de familles aborigènes, à portée de vue des gratte-ciel. Il a ouvert le gymnase en 1984,