Arles envoyé spécial
Si la corrida se joue sur du sable, elle se joue encore plus sûrement sur des «si». Samedi, la corrida-concours de la feria du Riz a illustré le combat de toros comme concours d'abord de circonstances, puis apothéose du conditionnel. Si Denis Loré ne se fait pas attraper au cours d'une larga à genoux par le quatrième toro, le prometteur Delicadera, de Murteira Grave, et s'il n'est pas emporté à l'infirmerie, Delicadera, mieux contrôlé, ne va peut-être pas se casser la corne gauche contre la barrière, ce qui l'a rendu inutilisable. Si Delicadera reste en piste, il est peut-être, ou peut-être pas, le toro de l'après-midi. Si le magnifique Alajero, toro de Partido de Resina, ne tombe pas lourdement en début de combat, il ne se lèse pas les antérieurs et il n'est pas remplacé par un toro de Meynadier totalement creux.
Retournements. Mais avec des «si», Joselito ne meurt pas à Talavera, toutes les corridas sont grandes et la tauromachie n'est pas ce qu'elle est : un château de sable construit sur du hasard et des millimètres, un moment où le fortuit télescope le prévisible et le théâtre de tous les retournements. Celui des scénarios les plus mitonnés, celui des opinions les plus garanties, celui des émotions les plus renversantes, celui in extremis de l'instinct de vie.
Si Denis Loré ne détourne pas son visage devant la corne de Delicadera, il se la prend «en pleine poire» ou, à un centimètre près, il se fait égorger et n'est plus là pour le dire. Denis Loré : «