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Libération

La leçon du professeur Rincón

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Peu de toreros savent «lire» les toros comme lui. Démonstration à Nîmes.
publié le 25 septembre 2003 à 1h07

Nîmes envoyé spécial

Vendredi, lecture publique. César Rincón lit un livre. Un livre de 579 kilos. Titre : Escribón. Un toro de Samuel Flores dangereux, réticent et abscons. Son sens est obscur, mais Rincón est un foutu exégète. On sait qu'il a fondé sa réputation sur le déchiffrage de toros difficilement lisibles, qu'il a failli mourir l'an dernier d'une hépatite C, qu'il est revenu aux arènes à la rémission de sa maladie. Premier constat nîmois : Rincón n'a pas réapparu pour faire de la figuration dans des corridas de gare. Pour faire le malin, on dira qu'il est revenu tel quel. Mais maintenant qu'il est mort, il torée avant tout pour lui.

C'est ce qu'il a récité vendredi, d'abord face à un oxymoron de 505 kilos : le noir Meringue. Meringue est à sa sortie un toro discret qui donne des coups de tête. Il est aussi violent et a horreur d'être brusqué, comme tous les Samuel Flores de la corrida. Ils étaient sérieux, bravos et mansos à la fois. Ils pouvaient chercher des terrains de repli et attaquaient aussi avec une redoutable précision. Leur race exigeante et la sévérité de leurs moeurs réclamaient de l'exactitude dans le choix des distances, du tempo, des terrains, du positionnement. Pour en être démuni, le jeune Matias Tejela se mettra en danger et reculera sans cesse. Manque de bouteille.

Mauvais poil. Rincón, face à Meringue, observe la ponctuation. Il le laisse respirer, se «refaire la cerise», puis, à la bonne distance, à trois-quatre mètres, lui donne des séries efficac