Sydney envoyé spécial
En privé, ils professent l'un envers l'autre le plus profond respect. Mais, par voie de presse, Eddie Jones et Clive Woodward ne cessent de s'égratigner. «William Webb Ellis avait-il vraiment besoin de prendre un jour le ballon entre ses mains, pour que l'Angleterre gagne aujourd'hui ses matchs à coups de pieds ?», ironise-t-on ainsi dans l'entourage de l'entraîneur des Wallabies. Et d'insister au sortir de la seconde demi-finale : «Le rugby pratiqué par l'équipe d'Angleterre est ennuyeux. Elle est en train de faire régresser le jeu.» Ce à quoi le coach du XV de la Rose répond sans se démonter : «Les Australiens n'ont encore rien vu. Le match que nous avons livré contre les Français m'a paru excitant. Si nous voulons jouer un rugby vraiment ennuyeux, nous sommes capables de le faire.»
Expérience. Paranoïaque probablement (moins toutefois qu'on ne le prétend), suffisant assurément (n'est-ce pas là une manière de dissimuler ses appréhensions ?), Clive Woodward est surtout une fine mouche, qui n'a pas l'intention de céder à la pression médiatique, comme ses prédécesseurs en 1991. L'année du plan anti-Blanco et de l'élimination de la France (déjà) en quart au parc des Princes. Accusés de privilégier un jeu timoré, les Anglais de Will Carling avaient en effet décidé de lâcher la cavalerie en finale, à Twickenham, et s'étaient fait contrer par... les Australiens. Expérience douloureuse dont on peut penser qu'elle ne se renouvellera pas de sitôt.
Car même si l'on