La justice sportive et la justice pénale ont décidément bien du mal à accorder leurs violons, comme leurs calendriers en matière de répression du dopage. Une nouvelle affaire est venue l'illustrer cette semaine. Dans l'indifférence quasi générale, le tribunal correctionnel de Grasse (Alpes-Maritimes) a condamné, mercredi, René Foucachon à huit mois de prison avec sursis et 7 000 euros d'amendes pour cession d'EPO entre 1996 et 1998. Un jugement qui intervient plus de cinq ans après les faits. Et surtout, trois ans après celui de l'affaire Festina qui avait révélé au grand public la généralisation du dopage aux hormones peptidiques dans le peloton.
Ordonnances. Aujourd'hui, René Foucachon est un entrepreneur en maçonnerie âgé de 37 ans. Cet ancien cycliste professionnel n'a pas laissé un souvenir impérissable dans le vélo. Tout juste son nom, qui sonnait bien sur les routes de juillet, avait-il attiré l'attention d'éminents confrères lors du Tour 1995. Il courait alors sous les couleurs de l'équipe italienne Aki dont le leader était le Polonais Jaskula (troisième du Tour 1993). Pendant huit ans, René Foucachon a vécu dans la péninsule. Il a rencontré à Bologne un «dottore» dont il n'a jamais voulu donner le nom. Ce dernier lui délivrait les ordonnances d'EPO, qu'il achetait en pharmacie. «C'était courant de se doper pour faire des performances», précisera-t-il à l'audience. Au total, il a tout de même revendu la bagatelle de 380 ampoules d'EPO à quatre cyclistes professionnels