Saint-Etienne envoyée spéciale
L'histoire est à tomber à la renverse. Au laboratoire antidopage de Lausanne, auquel l'Union cycliste internationale a l'habitude de confier les analyses de ses prélèvements, les techniciens s'adonnent à un nouveau jeu. Alors que les échantillons sont anonymes, ils essaient de deviner de quelle équipe provient le flacon. Et ils se trompent rarement. Pourquoi ? Les techniciens ont remarqué que les paramètres sanguins des coureurs étaient curieusement similaires. Un hématocrite entre 47 % et 48 %, même s'il reste rigoureusement en dessous du seuil de 50 % synonyme de mise au repos du coureur ; et une EPO naturelle bien en dessous de la normale. Le labo constate que trois grandes équipes cyclistes présentaient ces caractéristiques. Une seule hypothèse est scientifiquement possible : les coureurs d'une même équipe se dopent par transfusion sanguine, auprès d'un donneur universel ! La méthode est indécelable pour des raisons de dilution. Le sang du donneur dopé, compatible avec tous les coéquipiers, ne dépasse jamais 10 % du volume du plasma sanguin du receveur. Mais la transfusion permet une hausse de 6 % de l'hématocrite du coureur. Il faudrait un an d'entraînement pour obtenir le même gain ! Cinq ans après l'affaire Festina, qui a révélé un dopage généralisé à l'EPO exogène dans le peloton, le dopage serait toujours aussi généralisé. Mais il a évolué. L'EPO exogène, décelable dans l'urine par la méthode française de Châtenay-Malabry, a juste été