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Libération
Critique

Rugby. L'histoire du FC Grenoble immortalisée. Le cadrage du débordement.

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publié le 23 décembre 2003 à 2h26

C'est l'histoire d'un regard. Le regard patient de Sylvain Frappat, jeune photographe tapi au bord du terrain, auquel n'échappe aucun mouvement, aucune arabesque, aucune variation, cette petite musique du joueur de rugby. Il a donc saisi ces cadrages-débordements, gestes montois par excellence des trois-quarts centre que les frères Boniface ont passé à la postérité. C'est devenu le titre de ce bel ouvrage, même si ces variations latérales se sont transportées très à l'est, dans l'antre du rugby grenoblois. Denis Lalanne y raconte comment l'incertitude, l'hésitation et l'urgence du bouclage lui ont donné l'idée de génie, «cad-deb».

«J'aurais pu aussi bien dire fixation-contournement», narre l'ancienne plume de l'Equipe, éternel insatisfait du verbe. Il se souvient avoir pioché avant de dicter, dans les années 50, un soir de match au stade Mayol où Toulon recevait les abeilles montoises, pour nommer ce «pas de côté du boxeur», cet art du torero à «cadrer» le miura. Le mot, trop maladroit à ses yeux pour désigner la magie du geste, est pourtant resté. Le déplacement est certes latéral, mais c'est pour mieux franchir la ligne d'avantage. De gauche à droite pour mieux aller de l'avant. De bas en haut. L'histoire du livre qui défile dans l'objectif (le cadre) de Sylvain Frappat est aussi celle d'un aller-retour, une descente aux profondeurs de la D2 en 2000. Suivie d'une remontée dans l'élite du Top 16. Un mouvement de bas en haut illustré en noir et blanc et commenté par des gloir