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Libération

Au Kenya, le foot se joue du bidonville.

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publié le 26 janvier 2004 à 22h18

Nairobi (Kenya) de notre correspondant

Assises sur le rebord d'une fenêtre, Veronica et Mary n'arrêtent pas de glousser. Elles ont 14 ans, et attendent un minibus pour aller à l'entraînement. Comme tous les jours, elles s'apprêtent à en découdre sur un des nombreux terrains en terre rouge des environs. Dans cet immense bidonville de Mathare, où chômage, sida et violence se conjuguent, leur quotidien tourne autour du football.

Veronica est l'avant-centre de son équipe. Mary joue en défense centrale. «Quand je marque un but, je me sens voler», raconte Veronica, qui a effectué à 4 ans ses premiers pas à l'Association sportive de la jeunesse de Mathare (Mysa). «J'en ai marqué 50 l'an dernier !» «On joue tous les jours, ajoute Mary. On boit un thé le matin, ensuite on va à l'école, puis c'est l'entraînement, les devoirs, dîner et au lit. Et le week-end, on a les matchs.»

Ordures. 14 000 garçons et filles, de Mathare et des bidonvilles environnants, sont inscrits à Mysa. Tout le monde peut avoir sa licence. En raison de la grande pauvreté des familles, il n'y a pas de cotisation à payer. L'histoire de Mysa commence voilà seize ans quand Bob Munro, un Canadien travaillant pour l'ONU à Nairobi, interrompt une partie de football entre gamins sur un terrain vague. Il se propose de faire l'arbitre, s'ils promettent ensuite de ramasser les ordures entassées autour du terrain. L'aventure est en route. Le football servira de cadre. En échange des entraînements et des matches organisés pour e