Kigali, de notre correspondant.
Dans un imaginaire tout entier voué à la réconciliation nationale, dix ans après le génocide de 1994, les autorités rwandaises font du sport l'un des ingrédients de l'unité retrouvée. La première qualification de l'équipe nationale, les Amavubi («guêpes» en kinyarwanda), à la phase finale de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) favorise cette dynamique.
Solidarité. Si Claude est encore en vie, il le doit en partie au ballon rond. Alors que la folie meurtrière s'abattait sur le pays, ce Tutsi de 18 ans a failli être emporté, comme la plupart des membres de sa famille. «Mais, se souvient-il, un voisin hutu qui admirait mon jeu a décidé de me cacher pendant toute la durée des tueries.» Les cas de solidarité sportive comme celui-ci ont été rarissimes pendant le génocide et certains joueurs hutus n'ont pas hésité à tuer, de leurs propres mains, des coéquipiers tutsis. Aujourd'hui, à 28 ans, Claude n'a toujours pas terminé l'école secondaire. Joueur en première division, il n'a que le foot comme moteur. Comme des milliers de jeunes Hutus ou Tutsis.
Ainsi en est-il chaque jour sur un terrain vague en terre rouge du quartier populaire de Nyamirambo, à Kigali. Les joueurs en herbe sont encore plus nombreux à venir ici depuis la qualification historique des Amavubi. La plupart des jeunes, encouragés par un entraîneur, courent pieds nus ou en tongs derrière la balle. Les plus chanceux ont droit à un vrai ballon il y en a trois pour une cinquantaine d'enfa