Le week-end du gardien marocain Fouhami ne restera pas parmi les bons moments de sa vie : le malheureux va probablement passer à la postérité, dans la Coupe d'Afrique des nations (CAN), comme celui qui, en 2004, a privé son pays d'un deuxième trophée (après celui de 1976), et a involontairement offert son premier aux «cousins» tunisiens. Sa faute est survenue à la 52e minute quand il a maladroitement repoussé un centre tir assez anodin de l'arrière tunisien Clayton vers les pieds de Jaziri, l'attaquant de poche des Aigles de Carthage. «On a été chanceux, avouera celui-ci, car on était trop fatigués. Et la bourde du gardien a tué le Maroc.» Enième démonstration du caractère imprévisible du football, surtout quand il n'y a pas de domination franche, ce qui avait été jusqu'alors le cas de cette finale inédite 100 % Maghreb.
Samedi matin, exacerbé par le nationalisme savamment entretenu par le régime autocratique du président Ben Ali (Libération des 14 et 15 février), l'événement avait rempli les artères de Tunis, comme l'avenue Habib-Bourguiba, les «Champs-Elysées» de la capitale, puis, à quelques kilomètres de là, les 60 000 places du stade du 7-Novembre de Radès, la cité olympique flambant neuve. Foules excitées aussi à Rabat, la capitale marocaine, comme à Casablanca, la grande métropole économique du royaume chérifien.
Hymne sifflé. Scènes identiques à Paris, avec cette fois des milliers de Marocains et de Tunisiens mêlés le plus souvent dans une ambiance relativement paisibl