Cesenatico (Emilie-Romagne)
envoyé spécial
Le gros casque bleu de protection enfoncé sur la tête, le maillot jaune fluo recouvrant une partie des cuissards noirs, l'octogénaire Dante déambule dans l'église San Giacomo l'Apostolo de Cesenatico. Avant même que le cercueil de Marco Pantani ne soit ramené de Rimini pour y être déposé dans la nef, transformée en chapelle ardente (en attendant les funérailles qui se dérouleront cet après-midi), ce commerçant en retraite de Forimpopoli a enfourché hier son vélo au petit matin pour parcourir trente kilomètres dans la campagne romagnole et venir rendre hommage au «pirate» décédé samedi dans une chambre d'un hôtel sans âme. «Ils l'ont laissé mourir», s'indigne-t-il face à une médiocre peinture baroque surmontée d'un piteux squelette en plâtre.
Anathème. Après la tristesse, la stupeur et le recueillement des premières heures, les admirateurs du grimpeur et ses concitoyens lancent l'anathème. Pêle-mêle contre la fédération cycliste, les médias, les procureurs accusés d'avoir ouvert plusieurs enquêtes pour dopage à l'encontre du pirate... «Il a été persécuté, s'agite Dante. Le dopage ? Mais tout le monde se dope. Le peloton ne marche pas au pain et à l'eau ! Seulement Marco a été le seul à payer.»
Devant le Magico Club Pantani, à trois cents mètres de là, de l'autre côté du canal qui traverse le centre du tranquille petit port de l'Adriatique, les supertifosi de l'ancien vainqueur des Tours de France et d'Italie sont encore plus remontés. «J