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Critique

Comédie humaine avec toros

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publié le 26 février 2004 à 23h25

Le monde des toros regorge si naturellement de matière romanesque qu'il semble devoir décourager les romanciers, qui, à s'y frotter, courent le double risque de la redondance et de la caricature. Sans doute est-ce la raison pour laquelle la collection Faena, que conduit Jean-Michel Mariou et qui publie avec parcimonie des ouvrages importants (dix en quinze ans), ne comptait jusqu'à présent qu'un seul auteur de fiction, le Prix Nobel de littérature Camilo José Cela. Il faut désormais lui ajouter Fernando Quiñones, dont vient de paraître la première (et sans doute pas la dernière) traduction française, à titre posthume puisqu'il est mort en 1998, à l'âge de 68 ans.

En 1960, à leur publication en recueil, les treize nouvelles qui composent la Grande Saison ont suscité un commentaire flatteur de Hemingway. Quiñones en était encore au début d'une fertile carrière d'écrivain, poète et essayiste non moins que romancier et nouvelliste. Son oeuvre puise largement dans l'Andalousie méridionale de la région de Cadix (il est né à Chiclana et il a notamment écrit sur le chant flamenco). La Grande Saison n'a toutefois rien de régionaliste quoique, si on tient les toros pour une province particulière de la géographie humaine, Quiñones en soit un indigène très qualifié. Aucun lecteur ne pourra en effet douter que l'auteur porte en lui la science infuse de toutes choses taurines. Car il faut avoir macéré longtemps pour parvenir à cette clarté de camomille, selon le nom d'un des vins de la rég