Hier, le trimaran Geronimo (Cap Gemini-Schneider Electric) se trouvait au dixième jour de navigation contre le record du trophée Jules-Verne (détenu par Orange I de Bruno Peyron, en 64 jours) par 10 ° 36 sud et 29 ° ouest. Un poil en retard par rapport à la marche du catamaran en 2002. L'équateur avait été franchi dans la nuit de jeudi à vendredi, mais Geronimo peinait à sortir d'un large pot au noir. Les portes du Grand Sud ne devraient s'ouvrir en grand que dans 48 heures.
Nous sommes sortis d'une situation pour une fois conforme aux relevés des cartes satellite. Pourtant, le passage au pot au noir est chaque fois une expérience curieuse et épuisante pour les hommes et le bateau. Pour nous, cette année, c'était un ruban de graisse de 1 000 km, un gros morceau de couenne. Il faut imaginer ce que peut être une telle distance sans vent. Puis, tout à coup, le vent se lève. Puis à nouveau se recouche. Par exemple, samedi, j'ai dû faire 150 milles avec des vents d'ouest, alors que le monde entier donne de l'est-nord-est précisément sur cette zone. Si bien qu'on essaie de lire ce qui nous est proposé avec notre grammaire du bord. Tantôt on comprend, tantôt pas. C'est la zone des grandes confusions. Après tout, on nous opposera qu'à force on devrait savoir. L'an passé, on y avait, comment dire, passé du temps. Et d'y repenser me rend nerveux. Je relativise toutefois en me disant que l'année dernière nous n'avions jamais eu de vent. Rien. La situation que nous venons de vivre nous a