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Libération

«Dans le monde de l'attente, le monde des limbes»

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publié le 22 mars 2004 à 23h51

Hier, à son 24e jour, le trimaran Geronimo (Cap Gemini-Schneider Electric) se trouvait par 49 ° sud et 94 ° 36 est, à moins de 800 milles du cap Leeuwin, qui marque la fin de l'océan Indien. Geronimo avait virtuellement trois jours d'avance sur le record de Bruno Peyron avec Orange I (64 jours en 2002). De son côté Cheyenne, armé par l'Américain Steve Fossett (qui ne concourt pas dans le cadre du trophée Jules-Verne), en était à son 43e jour de mer. L'équipage avait remplacé un bon mètre du rail de grand-voile et se trouvait au large de l'Argentine, en panne de vent. Son avantage sur Orange I avait fondu : environ un jour et demi.

Nous vivons dans un schéma de pensée définitivement différent des terriens. Trois jours d'avance sur Orange ? C'est bien, mais cela reste de la comptabilité. Ce n'est pas cela que je cherche. Il faut que nous maintenions le système pour les jours qui viennent afin que nous puissions toujours bénéficier de cette glisse. On sait aussi que la route est longue. Malgré tout il y a des moments au cours desquels on ne peut s'empêcher d'y penser. Combien de temps pour être au sud de la Nouvelle-Zélande ? Combien de temps pour le Horn ? Il faut se détacher de ces calculs, et c'est ici que tout se joue. Ou vais-je trouver le meilleur rendement ? Ou vais-je me placer pour faire moins souffrir le bateau ? Où est-il le plus à l'aise ? Où chercher le meilleur passage ? Il y a «une oreille» du passage dans l'eau. C'est un bruit merveilleux et un indicateur de l'im