Arles, envoyé spécial.
Enrique Ponce est le Grand Dépanneur de la corrida. La chasse d'eau perd ? Le toro fuit comme le robinet de la baignoire dans un problème du BEPC ? La durite est naze ? Le lavabo est bouché ? On appelle le grand dépanneur à domicile. Plomberie, mécanique, électricité générale. Il jette un oeil sur le toro, pond un devis en trois secondes, ouvre sa boîte à outils. On le regarde baba. Il bricole le toro, le rafistole, le dégrippe, le remet sur pied, il vous tend sa facture avec le déplacement, ça peut au bas mot vous coûter deux oreilles.
Vendredi à Arles, comme tout dépanneur qui se respecte, Enrique Ponce s'est fait d'abord attendre devant Abandonado, un petit toro trottinant de l'élevage de Sánchez Arjona. On avait fait déplacer le grand dépanneur pour rien. Il a traité l'affaire de loin, en toréant du bout de la muleta et en se jetant de côté pour le tuer. Sifflets. Il s'est ensuite davantage investi devant Mágico, un toro sans carburant qui menaçait de s'arrêter dès le début de son combat. Mais aucun bricoleur digne de ce nom ne résiste à l'appel de la panne. Alors, sans vraiment endosser le bleu de chauffe, Ponce a remis en route le déficient Mágico en le sollicitant avec un subtil et savant jeu de muleta. Il a remonté le tout puis a daigné, sur trois belles passes de la gauche, faire la démonstration de sa grande science, que le petit bruit dans le moteur, on ne l'entendait plus et qu'on l'avait fait venir pour pas grand-chose. Regardez, ça remarche