Hier après-midi, Geronimo (Cap Gemini-Schneider Electric) se trouvait par 07° 16' de lat. S et 31° 32' de lat. W, après 52 jours de mer. Et l'alizé tant attendu semble avoir frappé à la porte. A 15 heures, Geronimo était flashé à une vitesse instantanée de 25 noeuds, sous l'effet d'un vent réel de 19,1 noeuds. De quoi mettre les tracas de côté. Si ces conditions durent, cela permettrait à Geronimo de franchir dès aujourd'hui l'équateur.
Comment allons-nous ? Bien. Et toujours vers l'épuisement de l'espoir. Notre route se résume à des triangles, des carrés, parfois des losanges. C'est un concours de formules géométriques maritimes. Or dans ces journées-là, Bruno Peyron abattait 500 milles vers Brest. De temps à autre, on a bien des séquences qui durent une heure ou deux, alors on marche sur la route entre 16 et 18 noeuds. C'est à croire qu'on a la malédiction sur nous. On croirait que c'est la même main qui a écrit l'histoire qui se répète d'une année sur l'autre : de la pétole et de la sévère. Les fichiers de vent tombent et c'est toujours beau, mais dans le réel, c'est, comment dire ? La merde totale. On n'est jamais dans les clous de la prévision. Les hommes manoeuvrent sans cesse. On galère depuis la Tasmanie, c'est une course à handicaps. Parfois, un filet d'air nous emporte à 18 noeuds une heure et on reprend notre jolie balade à 3 noeuds. C'en est fini du bruit ravissant du bateau qui file. A nouveau, c'est le bruit des flotteurs qui tapent et de la voilure qui claque.